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Toutes et tous contre le G20, NICE   2 - 6 Novembre 2011

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intervention des alternatifs
en manière de compte-rendu / Bilan

                       2 novembre 2011 |

Plus de 10 000 manifestants ont déambulé le 1er novembre dans les rues de Nice pour dénoncer l’illégitimité du G20 et l’injustice des politiques économiques qu’il préconise. Indignés espagnols et d’ailleurs, occupants de Wall Street, révoltés grecs et sénégalais, révolutionnaires tunisiens et égyptiens, altermondialistes sud-américains, italiens, anglais, allemands ou français, ils sont tous là. Engagés dans leurs propres combats, ils sont réunis le temps d’une manifestation et d’un sommet des peuples, acteurs et témoins d’une véritable irruption populaire mondiale.

 Au rythme des sambas, les cortèges colorés et bouillonnants ont réclamé la fin des paradis fiscaux et la transparence financière, une véritable taxe sur les transactions financières, une régulation drastique des banques, la fin des politiques d’austérité, un audit citoyen de la dette publique, des financements à la hauteur pour des politiques de transition écologique et sociale, la solidarité avec les peuples du Sud, la souveraineté alimentaire ou encore la libre circulation des femmes et des hommes etc…

P
our les organisateurs de la manifestation et du sommet des peuples, réunir plus de 10 000 personnes à Nice est « un véritable succès compte tenu de toutes les difficultés que nous avons rencontrées dans un département tenue par la droite extrême« . Au lendemain de l’annonce d’un référendum grec sur le plan d’austérité de l’Union européenne, cette manifestation festive et sans heurt témoigne d’une exigence irrépressible pour une véritable démocratie mondiale, nationale et locale. Réunis derrière des milliers de policiers, gendarmes, et militaires, comme dans une citadelle assiégée, les représentants du G20 ne sont pas légitimes pour décider de l’avenir du monde sans les principaux concernés : les peuples de la planète.

Face au G20, les Alters étaient là aussi ! 
            

http://alterautogestion.blogspot.com/2011/11/contre-g20-nice-un-pari-reussi.html
http://alternatifs0726.over-blog.com/album-1973482.html

Action du 3 novembre
http://alternatifs0726.over-blog.com/album-1973327.html
http://www.flickr.com/photos/lueilh
http://vimeo.com/31474157
http://www.youtube.com/watch?v=6e83rfs4q74
 

ATELIER UNITAIRE DU 2 NOVEMBRE : Quelles réponses de la gauche de transformation sociale et écologique à la crise ?

intervention des alternatifs

 
    A l'occasion de ce contre-sommet, nous disons : faut pas payer – Face au bal des vampires, mobilisations populaires et projet alternatif !
Ce G20 est illégitime, il est aussi disqualifié, il n'a pas d'avenir.
 
    Illégitime : aucun Etat qui le compose n'a la moindre légitimité pour composer un directoire du monde, aucun gouvernement à la tête de chacun de ces Etats n'a reçu le moindre mandat de son peuple dans ce sens... et même s'il l'avait reçu, ça n'aurait pas de légitimité à l'échelle du monde !
    La vraie nature du G20, c'est de constituer un directoire du monde, en marginalisant une ONU accablée de tous les maux mais qui a surtout le défaut aux yeux des plus riches d'accueillir la plèbe de l'humanité.
 
    Disqualifié : ce G20 fait penser à un bal des vampires dont les politiques de financiarisation et de dérégulation de l'économie au service de la finance sont les responsables de la crise actuelle, ce qui ne l'empêche pas de vouloir avec cynisme faire payer la crise aux peuples, en renforçant les politiques d'austérité et en soignant le mal par le mal.
 
    En réduisant les moyens financiers de la population, ces politiques réduisent l'activité économique, nous amènent à la récession et donc augmentent la dette publique : le serpent se mord la queue !
    Parce que contrairement aux mensonges de la vraie droite et de la fausse gauche, ce ne sont pas les dépenses publiques qui l'ont provoquée, cette dette n'est pas la nôtre : faut pas payer !
    Refuser de payer et exiger des audits indépendants, c'est indispensable, construisons ensemble une mobilisation unitaire et citoyenne sur la dette...  mais il ne faudra pas s'arrêter là ! Car la crise est globale et systémique : économique et financière certes, sociale bien sûr mais aussi écologique, démocratique et géo-stratégique qui fait penser à une crise de civilisation.
  
    Un mot sur la crise géo-stratégique pour les pays du Nord car c'est ce qui nous fait dire que ce G20 n'a pas d'avenir : Gus Massiah le disait hier soir au meeting après la manif, ce G20 n'est qu'un G8 élargi qui s'ouvre aux pays émergents parce qu'il n'a pas le choix face aux gigantesques bouleversements géo-stratégiques et qu'il essaie d'enfoncer ainsi un coin entre les pays du Sud. Mais il veut en réalité perpétuer la vieille domination mondiale de plus de cinq siècles de l'Europe et des Etats-Unis sur le monde : dans un monde ne crise, les peuples ne veulent plus de cet ordre néo-colonial, comme nous le disent les révolutions arabes. Ces révolutions nous disent aussi qu'on peut changer la donne, écoutons ce que nous disent les Indigné-e-s : un autre monde est nécessaire, un autre monde est possible !
    Et puisque la crise est globale, ce n'est donc pas d'alternance ou même de « capitalisme coopératif » dont nous avons besoin, mais d'une alternative globale et d'un projet alternatif de société.
    Au-delà des résistances, le retour au keynésianisme et à l'intervention de l'Etat ne suffira pas : la crise écologique d'une gravité sans précédent nous impose de questionner la croissance et d'inventer un alter-développement, de même que la crise de la démocratie nous invite à donner la priorité à l'autogestion et à la démocratie active dans la cité comme dans l'entreprise, de même enfin que la crise géo-stratégique du Nord nous impose de repenser le monde : suspension du paiement de la dette, égalité dans les relations Nord-Sud, auto-détermination des peuples, fin des dominations coloniales -à commencer par celle de la France dans les confetti de l'empire-, refonte radicale de l'ONU avec dissolution du conseil de sécurité, souveraineté de l'assemblée générale, mise sous tutelle de l'OMC, de la Banque mondiale et du FMI par l'assemblée générale de l'ONU, soutien à la mise en place du Forum des peuples.
 
    Et si tout cela, nous le disons ensemble, nous le dirons plus fort encore !

Bruno Della Sudda
 
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En manière de compte-rendu

NICE : UN CONTRE-SOMMET REUSSI !

 
    Le Contre G20 qui s’est tenu à Nice du 1er au 4 novembre pour dénoncer l’illégitimité du G20 a été un succès. La coalition nationale Altermob G8/G20, qui réunissait une quarantaine d’associations, syndicats, soutenue par les forces politiques de gauche, et le collectif départemental des Alpes-Maritimes ont réussi leur pari, dans un contexte rendu difficile et compliqué par l'irresponsabilité et la mauvaise volonté à la fois convenues et caricaturales des pouvoirs publics des Alpes-Maritimes et de la ville de Nice,
    Tout a été fait de ce côté-là, mais aussi de la presse locale et des élus locaux UMP, pour inquiéter les populations et faire en sorte que la mobilisation locale soit la plus réduite possible.
 
    Précédée la veille de réunions publiques d'Europe Ecologie d'une part et des Alternatifs consacrée à l'autogestion d'autre part, et le jour même d'un cercle de silence organisé par RESF, la manifestation du 1er novembre a ouvert le Contre G20. Elle a réuni environ 10 000 manifestant-e-s, qui ont défilé-e-s dans les quartiers populaires de l’est de la ville, avec un accueil favorable des populations, mais très encadré-e-s par un dispositif policier totalement démesuré. Outre la présence des organisations telles que les associations : ATTAC (dont l'impulsion dans la coalition et le collectif 06 a été importante), Action contre la Faim, CADTM, CCFD, CRID, Emmaüs International, Greenpeace, Les Amis de la terre, Mouvement de la paix, LDH, MRAP, Oxfam, Solidarité, etc. ; les syndicats : Confédération paysanne, CGT, FSU et surtout Solidaires ; les forces politiques, principalement le NPA, le PCF, les Alternatifs et Europe-Ecologie, on notait la présence d’Indigné-e-s espagnol-e-s et grecs-que-s, d’occupant-e-s de Wall Street, de militants tunisiens et égyptiens, syndicalistes italien-ne-s, brésilien-ne-s et coréen-ne-s, paysans de Via campesina, altermondialistes japonais-e-s et européen-ne-s, des sénégalais du collectif « Y’en a marre », etc. Le kaléidoscope altermondialiste, vivant, festif et très coloré donnait de la manifestation une impression de gaieté dans un contraste total avec l'inquiétante menace grise et noire des « forces de l'ordre ». Il faut cependant déplorer l’absence scandaleuse et incompréhensible de la Confédération européenne des syndicats, qui avait fortement mobilisé en décembre 2000 lors du contre-sommet européen (50 000 sur les 60 000 manifestant-e-s).
 
    Pendant trois heures, le long cortège s’est étiré jusqu’aux anciens abattoirs en reprenant de nombreux slogans contre le modèle de domination capitaliste, pour exiger une prise en compte des peuples et dénoncer les inégalités et les politiques d’austérité. Aux portes du local désaffecté, des prises de parole de représentant-e-s d’Indignés grecs, d’occupant-e-s de Wall Street (intervention particulièrement acclamée), du Conseil international du Forum social mondial (Gus Massiah qui a rappelé de manière impeccable les enjeux du G20) ont ponctué les groupes musicaux -dont des groupes locaux- jusqu’à minuit (Lo Mago d'en Casteu, HK et les Saltimbanks), sans aucun incident, ce que la presse locale a été obligée de reconnaître le lendemain.
 
    Les 2 et 3 novembre, diverses animations de rue et actions spontanées des indigné-e-s ont été organisées dans la ville de Nice malgré le quadrillage policier. Parallèlement, divers ateliers et séminaires se sont tenus sur des thèmes aussi variés que la crise, le tribunal des banques, la dette et les expériences du Sud de la planète pour combattre les dettes illégitimes, la lutte contre les paradis fiscaux, la taxe sur les transactions financières, la justice environnementale, la transition énergétique (dans lequel, un camarade Alternatif témoignait notamment sur le combat en Ardèche contre l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste), le service public et les biens publics, la convergence des luttes et les réponses syndicales à la crise, les alternatives et solutions pour les peuples, les enjeux agricoles et les luttes paysannes, l’accaparement des terres, l’éducation, les migrations, convergence des mouvements de la Région Méditerranée, etc. pour rechercher et proposer des alternatives au modèle capitalisme, dominé par la finance.
    De ce point de vue, le contre-sommet a fonctionné un peu à l'image des Forums sociaux et confirmé une fois de plus que l'altermondialisme était bien vivant, même si en Europe il est depuis quelques années moins en pointe qu'il ne l'est dans le Sud.
 
    A noter que parmi toutes les réunions du 2 novembre, un atelier unitaire était co-organisé, à l'initiative du NPA, par les différentes forces de la gauche de transformation sociale et écologique : Alternatifs, FASE, PG, PCF, NPA et MOC, ainsi que Sinistra Critica (Italie).
    Ont été confrontées les diverses options à la fois partagées -le refus de l'austérité et de cette dette qui n'est pas la nôtre- mais aussi différenciées, notamment sur les questions écologiques comme le nucléaire, en terme de réponses à la crise, au sein de la « gauche de gauche ». Dans cet atelier auquel ont participé une centaine de personnes, se sont exprimées de manière forte les aspirations à l'action commune, à la fois indispensable pour résister et passer à la contre-offensive mais aussi pour continuer à débattre de ce qui sépare les différentes forces.
 
    Jeudi 3 novembre, surveillé-e-s par cinq hélicoptères, près de 300 manifestant-e-s ont convergé par le train jusqu’à Cap d’Ail (frontière monégasque) pour dénoncer l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux en bâillonnant symboliquement deux hommes d’affaires et en décrétant la suppression du paradis fiscal de Monaco. Le soir, le Banquet des alternatives, tenu dans des conditions difficiles aux abattoirs, a conclu cette journée en présentant des luttes locales et départementales, en particulier la mobilisation des travailleurs et travailleuses sans-papiers, la lutte contre les gaz de schiste, l'activité du Forum citoyen sur les déchets  et celle du Collectif OIN -Opération d'Intérêt National- qui exige un débat citoyen sur ce projet de bétonnage de la plaine du Var, les interventions étant entrecoupées de séquences musicales.
 
    Enfin, une dernière action spectaculaire s’est déroulée le vendredi 4 en fin de matinée pour dénoncer le pouvoir des banques.
 
    Quand on connaît les difficultés et le contexte politique pour les mouvements sociaux, l’organisation d’un Contre G20 à Nice (Cannes étant transformée en forteresse) était un vrai défi. Il a été relevé du mieux qu'il était possible -sans participation de la CES et ce malgré la présence de la CGT régionale- et c'est une réussite relative si l'on tient compte de ce contexte. La manifestation restera dans les mémoires et la présence militante sur l’ensemble des quatre jours a été notable (en partie grâce à la présence de nombreux-se-s jeunes Indigné-e-s). Certes, le succès de certains ateliers a été limité. Le lieu des abattoirs désaffectés, attribué par la Mairie, n’était pas des plus fonctionnels. Les altermondialistes, résolument  pacifiques, n’ont pas défié le dispositif policier outrancier. Cependant, comme il fallait bien quelques arrestations et justifier ce déploiement policier, le système répressif a sévi. Il faut relever l’expulsion du territoire de cinq Indigné-e-s espagnol-e-s et la condamnation en comparution immédiate à un mois de prison et trois mois avec sursis de trois autres (basques) accusés de détenir des « objets dangereux de 6e catégorie », en fait du matériel d’escalade saisi dans leur voiture, sans doute de « dangereux terroristes ».
    Plus que jamais, il importe de coordonner les luttes sociales et écologiques aux échelles européenne et mondiale pour ouvrir des perspectives et créer des alternatives au système capitaliste, dominé par le diktat du pouvoir financier aux mains des oligopoles et des institutions internationales : c’est tout le défi du mouvement altermondialiste dont jamais l'existence n'a été aussi nécessaire et justifiée qu'aujourd'hui. Les chefs d’état réunis à Cannes les 3 et 4 novembre ont une nouvelle fois démontré, si besoin était, leur absence de volonté de réformer réellement ce système prédateur pour les peuples de la planète. Pour les altermondialistes, ce n'est qu'une confirmation qui valide une fois de plus ce que nous disons depuis de nombreuses années. Le résultat minable du G20 de Cannes, combiné au succès de ce contre-sommet, est un encouragement à prolonger l'activité altermondialiste, de l'animation des Forums sociaux aux contre-sommets en passant par la campagne unitaire sur la dette. Du pain sur la planche, donc...
Bruno Della Sudda et Richard Neuville, dans Rouge et Vert

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