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Les
Alternatifs
Fédération
des
Alpes-Maritimes
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38
rue DABRAY
06100 NICE
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Toutes et tous contre le G20,
NICE 2 - 6 Novembre 2011
2 novembre 2011 |
Plus de 10
000 manifestants ont déambulé le 1er novembre
dans les rues
de Nice pour dénoncer l’illégitimité du G20
et l’injustice des
politiques économiques qu’il préconise.
Indignés espagnols et
d’ailleurs, occupants de Wall Street, révoltés
grecs et sénégalais,
révolutionnaires tunisiens et égyptiens,
altermondialistes
sud-américains, italiens, anglais, allemands ou
français, ils sont tous
là. Engagés dans leurs propres combats, ils sont
réunis le temps d’une
manifestation et d’un sommet des peuples, acteurs et
témoins d’une
véritable irruption populaire
mondiale.
Au rythme
des sambas, les cortèges colorés
et bouillonnants ont réclamé
la fin des paradis fiscaux et la transparence financière, une
véritable
taxe sur les transactions financières, une
régulation drastique des
banques, la fin des politiques d’austérité, un
audit citoyen de la
dette publique, des financements à la hauteur pour des
politiques de
transition écologique et sociale, la solidarité avec les
peuples du
Sud, la souveraineté alimentaire ou encore la libre circulation
des
femmes et des hommes etc…
Pour les
organisateurs de la manifestation et du sommet des peuples,
réunir plus de 10 000 personnes à Nice est « un
véritable succès compte
tenu de toutes les difficultés que nous avons rencontrées
dans un
département tenue par la droite extrême« . Au
lendemain de l’annonce
d’un référendum grec sur le plan
d’austérité de l’Union européenne,
cette manifestation festive et sans heurt témoigne d’une
exigence
irrépressible pour une véritable démocratie
mondiale, nationale et
locale. Réunis derrière des milliers de policiers,
gendarmes, et
militaires, comme dans une citadelle assiégée, les
représentants du G20
ne sont pas légitimes pour décider de l’avenir du
monde sans les
principaux concernés : les peuples de la planète.
Face au G20, les
Alters
étaient là aussi !
http://alterautogestion.blogspot.com/2011/11/contre-g20-nice-un-pari-reussi.html
http://alternatifs0726.over-blog.com/album-1973482.html
Action du 3 novembre
http://alternatifs0726.over-blog.com/album-1973327.html
http://www.flickr.com/photos/lueilh
http://vimeo.com/31474157
http://www.youtube.com/watch?v=6e83rfs4q74
ATELIER UNITAIRE DU 2 NOVEMBRE : Quelles réponses de la
gauche de transformation sociale et écologique à la crise ?
intervention des alternatifs
A l'occasion de ce contre-sommet, nous disons : faut
pas payer – Face au bal des vampires, mobilisations populaires et
projet alternatif !
Ce G20 est illégitime, il est aussi disqualifié, il n'a pas d'avenir.
Illégitime : aucun Etat qui le compose n'a la moindre
légitimité pour composer un directoire du monde, aucun gouvernement à la
tête de chacun de ces Etats n'a reçu le moindre mandat de son peuple dans ce
sens... et même s'il l'avait reçu, ça n'aurait pas de légitimité à l'échelle
du monde !
La vraie nature du G20, c'est de constituer un directoire
du monde, en marginalisant une ONU accablée de tous les maux mais qui a
surtout le défaut aux yeux des plus riches d'accueillir la plèbe de
l'humanité.
Disqualifié : ce G20 fait penser à un bal des vampires
dont les politiques de financiarisation et de dérégulation de l'économie au
service de la finance sont les responsables de la crise actuelle, ce qui ne
l'empêche pas de vouloir avec cynisme faire payer la crise aux peuples, en
renforçant les politiques d'austérité et en soignant le mal par le mal.
En réduisant les moyens financiers de la population, ces
politiques réduisent l'activité économique, nous amènent à la récession et
donc augmentent la dette publique : le serpent se mord la queue !
Parce que contrairement aux mensonges de la vraie droite
et de la fausse gauche, ce ne sont pas les dépenses publiques qui l'ont
provoquée, cette dette n'est pas la nôtre : faut pas payer !
Refuser de payer et exiger des audits indépendants, c'est
indispensable, construisons ensemble une mobilisation unitaire et citoyenne
sur la dette... mais il ne faudra pas s'arrêter là ! Car la crise est
globale et systémique : économique et financière certes, sociale bien sûr
mais aussi écologique, démocratique et géo-stratégique qui fait penser à une
crise de civilisation.
Un mot sur la crise géo-stratégique pour les pays du Nord
car c'est ce qui nous fait dire que ce G20 n'a pas d'avenir : Gus Massiah le
disait hier soir au meeting après la manif, ce G20 n'est qu'un G8 élargi qui
s'ouvre aux pays émergents parce qu'il n'a pas le choix face aux
gigantesques bouleversements géo-stratégiques et qu'il essaie d'enfoncer
ainsi un coin entre les pays du Sud. Mais il veut en réalité perpétuer la
vieille domination mondiale de plus de cinq siècles de l'Europe et des
Etats-Unis sur le monde : dans un monde ne crise, les peuples ne veulent
plus de cet ordre néo-colonial, comme nous le disent les révolutions arabes.
Ces révolutions nous disent aussi qu'on peut changer la donne, écoutons ce
que nous disent les Indigné-e-s : un autre monde est nécessaire, un autre
monde est possible !
Et puisque la crise est globale, ce n'est donc pas
d'alternance ou même de « capitalisme coopératif » dont nous avons besoin,
mais d'une alternative globale et d'un projet alternatif de société.
Au-delà des résistances, le retour au keynésianisme et à
l'intervention de l'Etat ne suffira pas : la crise écologique d'une gravité
sans précédent nous impose de questionner la croissance et d'inventer un
alter-développement, de même que la crise de la démocratie nous invite à
donner la priorité à l'autogestion et à la démocratie active dans la cité
comme dans l'entreprise, de même enfin que la crise géo-stratégique du Nord
nous impose de repenser le monde : suspension du paiement de la dette,
égalité dans les relations Nord-Sud, auto-détermination des peuples, fin des
dominations coloniales -à commencer par celle de la France dans les confetti
de l'empire-, refonte radicale de l'ONU avec dissolution du conseil de
sécurité, souveraineté de l'assemblée générale, mise sous tutelle de l'OMC,
de la Banque mondiale et du FMI par l'assemblée générale de l'ONU, soutien à
la mise en place du Forum des peuples.
Et si tout cela, nous le disons ensemble, nous le dirons
plus fort encore !
Bruno Della Sudda
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En manière de compte-rendu
NICE : UN CONTRE-SOMMET REUSSI !
Le Contre G20 qui s’est tenu à Nice du 1er au 4 novembre
pour dénoncer l’illégitimité du G20 a été un succès. La coalition nationale
Altermob G8/G20, qui réunissait une quarantaine d’associations, syndicats,
soutenue par les forces politiques de gauche, et le collectif départemental
des Alpes-Maritimes ont réussi leur pari, dans un contexte rendu difficile
et compliqué par l'irresponsabilité et la mauvaise volonté à la fois
convenues et caricaturales des pouvoirs publics des Alpes-Maritimes et de la
ville de Nice,
Tout a été fait de ce côté-là, mais aussi de la presse
locale et des élus locaux UMP, pour inquiéter les populations et faire en
sorte que la mobilisation locale soit la plus réduite possible.
Précédée la veille de réunions publiques d'Europe
Ecologie d'une part et des Alternatifs consacrée à l'autogestion d'autre
part, et le jour même d'un cercle de silence organisé par RESF, la
manifestation du 1er novembre a ouvert le Contre G20. Elle a réuni environ
10 000 manifestant-e-s, qui ont défilé-e-s dans les quartiers populaires de
l’est de la ville, avec un accueil favorable des populations, mais très
encadré-e-s par un dispositif policier totalement démesuré. Outre la
présence des organisations telles que les associations : ATTAC (dont
l'impulsion dans la coalition et le collectif 06 a été importante), Action
contre la Faim, CADTM, CCFD, CRID, Emmaüs International, Greenpeace, Les
Amis de la terre, Mouvement de la paix, LDH, MRAP, Oxfam, Solidarité, etc. ;
les syndicats : Confédération paysanne, CGT, FSU et surtout Solidaires ; les
forces politiques, principalement le NPA, le PCF, les Alternatifs et
Europe-Ecologie, on notait la présence d’Indigné-e-s espagnol-e-s et
grecs-que-s, d’occupant-e-s de Wall Street, de militants tunisiens et
égyptiens, syndicalistes italien-ne-s, brésilien-ne-s et coréen-ne-s,
paysans de Via campesina, altermondialistes japonais-e-s et européen-ne-s,
des sénégalais du collectif « Y’en a marre », etc. Le kaléidoscope
altermondialiste, vivant, festif et très coloré donnait de la manifestation
une impression de gaieté dans un contraste total avec l'inquiétante menace
grise et noire des « forces de l'ordre ». Il faut cependant déplorer
l’absence scandaleuse et incompréhensible de la Confédération européenne des
syndicats, qui avait fortement mobilisé en décembre 2000 lors du
contre-sommet européen (50 000 sur les 60 000 manifestant-e-s).
Pendant trois heures, le long cortège s’est étiré
jusqu’aux anciens abattoirs en reprenant de nombreux slogans contre le
modèle de domination capitaliste, pour exiger une prise en compte des
peuples et dénoncer les inégalités et les politiques d’austérité. Aux portes
du local désaffecté, des prises de parole de représentant-e-s d’Indignés
grecs, d’occupant-e-s de Wall Street (intervention particulièrement
acclamée), du Conseil international du Forum social mondial (Gus Massiah qui
a rappelé de manière impeccable les enjeux du G20) ont ponctué les groupes
musicaux -dont des groupes locaux- jusqu’à minuit (Lo Mago d'en Casteu, HK
et les Saltimbanks), sans aucun incident, ce que la presse locale a été
obligée de reconnaître le lendemain.
Les 2 et 3 novembre, diverses animations de rue et
actions spontanées des indigné-e-s ont été organisées dans la ville de Nice
malgré le quadrillage policier. Parallèlement, divers ateliers et séminaires
se sont tenus sur des thèmes aussi variés que la crise, le tribunal des
banques, la dette et les expériences du Sud de la planète pour combattre les
dettes illégitimes, la lutte contre les paradis fiscaux, la taxe sur les
transactions financières, la justice environnementale, la transition
énergétique (dans lequel, un camarade Alternatif témoignait notamment sur le
combat en Ardèche contre l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste),
le service public et les biens publics, la convergence des luttes et les
réponses syndicales à la crise, les alternatives et solutions pour les
peuples, les enjeux agricoles et les luttes paysannes, l’accaparement des
terres, l’éducation, les migrations, convergence des mouvements de la Région
Méditerranée, etc. pour rechercher et proposer des alternatives au modèle
capitalisme, dominé par la finance.
De ce point de vue, le contre-sommet a fonctionné un peu
à l'image des Forums sociaux et confirmé une fois de plus que
l'altermondialisme était bien vivant, même si en Europe il est depuis
quelques années moins en pointe qu'il ne l'est dans le Sud.
A noter que parmi toutes les réunions du 2 novembre, un
atelier unitaire était co-organisé, à l'initiative du NPA, par les
différentes forces de la gauche de transformation sociale et écologique :
Alternatifs, FASE, PG, PCF, NPA et MOC, ainsi que Sinistra Critica (Italie).
Ont été confrontées les diverses options à la fois
partagées -le refus de l'austérité et de cette dette qui n'est pas la nôtre-
mais aussi différenciées, notamment sur les questions écologiques comme le
nucléaire, en terme de réponses à la crise, au sein de la « gauche de gauche
». Dans cet atelier auquel ont participé une centaine de personnes, se sont
exprimées de manière forte les aspirations à l'action commune, à la fois
indispensable pour résister et passer à la contre-offensive mais aussi pour
continuer à débattre de ce qui sépare les différentes forces.
Jeudi 3 novembre, surveillé-e-s par cinq hélicoptères,
près de 300 manifestant-e-s ont convergé par le train jusqu’à Cap d’Ail
(frontière monégasque) pour dénoncer l’évasion fiscale dans les paradis
fiscaux en bâillonnant symboliquement deux hommes d’affaires et en décrétant
la suppression du paradis fiscal de Monaco. Le soir, le Banquet des
alternatives, tenu dans des conditions difficiles aux abattoirs, a conclu
cette journée en présentant des luttes locales et départementales, en
particulier la mobilisation des travailleurs et travailleuses sans-papiers,
la lutte contre les gaz de schiste, l'activité du Forum citoyen sur les
déchets et celle du Collectif OIN -Opération d'Intérêt National- qui
exige un débat citoyen sur ce projet de bétonnage de la plaine du Var, les
interventions étant entrecoupées de séquences musicales.
Enfin, une dernière action spectaculaire s’est déroulée
le vendredi 4 en fin de matinée pour dénoncer le pouvoir des banques.
Quand on connaît les difficultés et le contexte politique
pour les mouvements sociaux, l’organisation d’un Contre G20 à Nice (Cannes
étant transformée en forteresse) était un vrai défi. Il a été relevé du
mieux qu'il était possible -sans participation de la CES et ce malgré la
présence de la CGT régionale- et c'est une réussite relative si l'on tient
compte de ce contexte. La manifestation restera dans les mémoires et la
présence militante sur l’ensemble des quatre jours a été notable (en partie
grâce à la présence de nombreux-se-s jeunes Indigné-e-s). Certes, le succès
de certains ateliers a été limité. Le lieu des abattoirs désaffectés,
attribué par la Mairie, n’était pas des plus fonctionnels. Les
altermondialistes, résolument pacifiques, n’ont pas défié le
dispositif policier outrancier. Cependant, comme il fallait bien quelques
arrestations et justifier ce déploiement policier, le système répressif a
sévi. Il faut relever l’expulsion du territoire de cinq Indigné-e-s
espagnol-e-s et la condamnation en comparution immédiate à un mois de prison
et trois mois avec sursis de trois autres (basques) accusés de détenir des «
objets dangereux de 6e catégorie », en fait du matériel d’escalade saisi
dans leur voiture, sans doute de « dangereux terroristes ».
Plus que jamais, il importe de coordonner les luttes
sociales et écologiques aux échelles européenne et mondiale pour ouvrir des
perspectives et créer des alternatives au système capitaliste, dominé par le
diktat du pouvoir financier aux mains des oligopoles et des institutions
internationales : c’est tout le défi du mouvement altermondialiste dont
jamais l'existence n'a été aussi nécessaire et justifiée qu'aujourd'hui. Les
chefs d’état réunis à Cannes les 3 et 4 novembre ont une nouvelle fois
démontré, si besoin était, leur absence de volonté de réformer réellement ce
système prédateur pour les peuples de la planète. Pour les
altermondialistes, ce n'est qu'une confirmation qui valide une fois de plus
ce que nous disons depuis de nombreuses années. Le résultat minable du G20
de Cannes, combiné au succès de ce contre-sommet, est un encouragement à
prolonger l'activité altermondialiste, de l'animation des Forums sociaux aux
contre-sommets en passant par la campagne unitaire sur la dette. Du pain sur
la planche, donc...
Bruno Della Sudda et Richard Neuville,
dans Rouge
et Vert
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